« C’est la paix que je vous laisse… »
La Paix au cœur de la nuit
A l’approche de la Passion du Seigneur, la communauté des apôtres ressemble à un groupe d’hommes désemparés et terrifiés devant les aléas de la vie. Aussi, pour retrouver l’espérance et la joie de vivre, Jésus leur donne la paix. Mais quel genre de paix ? Jésus lui-même précise la nature de la paix dont il est question : « c’est ma paix que je vous donne ; je ne vous la donne pas comme le monde la donne » (Jn 14,27). Ce verset distingue clairement la paix du Christ de celle du monde.
La paix du Christ n’est pas un concept politique
Il existe beaucoup d’expressions qui illustrent la paix du monde. On entend dire : l’accord de paix, le traité de paix… D’autres disent : « qui veut la paix, prépare la guerre » ou encore «la paix se gagne » … Tant d’expressions qui montrent que de nos jours la paix est devenue un concept politique. La paix est réduite à un ensemble de documents, un traité, un accord signé devant les caméras. Et l’on croit pouvoir obtenir la paix en écrasant l’autre ou en lui imposant notre point de vue, notre idéologie. Voilà la paix du monde ! Une paix qui n’en est pas une parce qu’on l’obtient au bout d’un fusil, en éliminant le prochain. La paix, conçue de cette manière, s’avère superficielle, fragile et éphémère.
La paix dont parle le Christ
Pour le Christ, la paix n’est certainement pas un concept politique, mais plutôt un concept religieux. Déjà, dans l’Ancien Testament, on employait le mot “paix” comme une forme de salutation (cf. Ex 4,18; 2S 18,28). De même dans le Nouveau Testament, Saint Paul inaugure et clôture ses lettres en faisant allusion à la paix du Christ. Aujourd’hui encore, les chrétiens s’échangent la paix à travers une salutation : boboto… bondeko (paix… fraternité). C’est que pour le Christ, tout comme pour les chrétiens, la paix est une nécessité vitale qu’il faut assurer continuellement à l’autre. C’est pourquoi nous nous transmettons la paix à travers certaines formules de salutation.
La paix du Christ n’est pas une conquête mais un don de Dieu à partager avec tout le monde. Elle n’est pas non plus un traité mais une conviction personnelle. Elle ne consiste pas à signer devant les caméras mais elle est une attitude intérieure et profonde qui anime le Chrétien, même au coeur des difficultés et des épreuves. Les accords de paix ne sauront mettre fin à la guerre s’il n’y a pas, dans le chef des belligérants, cette paix intérieure qui vient du Christ. C’est seulement cette attitude intérieure, cette conviction profonde de vivre en frères avec tout le monde, qui peut nous permettre de rendre possible le “cessez-le-feu” sur les champs de bataille.