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Reflexion du Père Roger sur le 5e Dimanche du Temps ordinaire (Lc 5,1-11)

 

Reflexion du Père Roger sur le 5e Dimanche du Temps ordinaire (Lc 5,1-11)

«Pêcher les hommes» ou «prendre les hommes vivants»

L’appel de quatre premiers disciples n’a jamais cessé de susciter l’intérêt des lecteurs de la Bible. Tous les évangiles synoptiques en parlent (Mt 4,18-22; Mc 1,16-20 et Lc 5,1-11). On note cependant d’importantes différences entre la version de Luc et celle de deux premiers évangiles. Dans cette petite réflexion, nous nous limitons à relever une seule différence. Chez Matthieu et Marc, Jésus leur dit: «je vous ferai (devenir) pêcheurs d’hommes» (Mt 4,19; Mc 1,17). Par contre chez Luc, Jésus dit à Simon: «désormais ce sont des hommes que tu prendras vivants» (Lc 5,10). Essayons de préciser la vocation du disciple partant de ces deux formulations.

 

Etre disciple du Christ, c’est sauver les hommes

D’après l’expression «pêcheurs d’hommes», la vocation du disciple consiste à sauver les hommes. Normalement, un homme qui se trouve dans l’eau risque la noyade. Le «pêcher» signifie l’amener de la mort à la vie. Vue à la lumière de l’Exode, la mission du disciple actualise le miracle que Dieu accomplit en sauvant son peuple des eaux de la Mer Rouge. Ainsi, à travers la métaphore «pêcheur d’hommes», Jésus veut insinuer au disciple que sa vocation consiste à sauver l’homme du mal, du péché et de la mort éternelle.

Il est important de noter que Jésus parle de «pêcheurs d’hommes» et non de «pêcheurs d’âmes». Par conséquent, l’expression «Tata ya molimu» (Père spirituel), loin de servir de prétexte pour négliger l’aspect matériel du salut, devrait stimuler le disciple à prendre conscience du caractère intégral du salut qu’il doit assurer à l’humanité, comme Jésus lui-même le suggère à travers l’expression «pêcheur d’hommes».

 

Etre disciple du Christ, une vocation à risque

Selon Luc, la vocation du disciple consiste à «prendre les hommes vivants» (Lc 5,10). Cette métaphore signifie aussi sauver les hommes. Toutefois, Luc ajoute une nuance qui mérite notre attention. Les hommes pêchés par le disciple doivent sortir vivants de l’eau, comme l’indique le verbe zôgreô (cf. Lc 5,10) qui signifie «prendre vivant» ou «vivifier» (cf. Dt 20,16 ; Jos 2,13 ; 6,25…). Il ne suffit pas seulement de tirer les hommes du mal, mais il faut aussi veiller à leur vie de façon qu’ils en sortent vivants.

Outre cette nuance, il faut ajouter que chez Luc, la mission du disciple prend une allure dangereuse puisqu’elle s’accomplit «en eau profonde» (cf. Lc 5,4). Pour lui, être disciple signifie: «avancer en eau profonde» (cf. Lc 5,4) pour «prendre les hommes vivants» (cf. Lc 5,10). Nous avons là deux métaphores qui expriment le risque de la vocation du disciple. En effet, aller «en eau profonde» pour «prendre vivant» celui qui est en proie à la noyade, c’est s’exposer soi-même à la mort. Dans le quatrième évangile, Jésus exprime ce risque par une autre métaphore: «Le bon berger donne sa vie pour ses brebis» (Jn 10,11).

A travers la vocation des premiers disciples, Luc met en relief une exigence fondamentale de la vie chrétienne : celui qui croit en Jésus-Christ doit être capable de risquer sa vie pour le bien des autres.

Roger Wawa, ssp

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