2e dimanche de l’Avent C (Luc 3, 1-6)
Jean-Baptiste, la religion et la politique
Jean-Baptiste, la religion et la politique ! Ce titre semble quelque peu étrange. Et pourtant, c’est ce qui ressort de l’Évangile de ce deuxième dimanche de l’Avent.
Politiciens et chefs spirituels de l’époque de Jean-Baptiste. Dès le premier verset, l’évangéliste fait allusion aux autorités politiques et religieuses de l’époque où Jean-Baptiste débuta sa mission. C’était en l’an 15 du règne de l’Empereur Tibère, c’est-à-dire entre l’an 27 ou 28 de notre ère. En ce moment-là, la Palestine divisée en 3 provinces depuis la mort d’Hérode le Grand, est dirigée par les 2 fils de celui-ci – Hérode Antipas et Hérode Philippe – tandis que la Judée, arrachée des mains d’Archélaus, lui aussi fils d’Hérode le Grand, est confiée à un procurateur romain. Après Valerius Gratius qui fut procurateur en Judée de l’an 15 à 26 de notre ère, Ponce Pilate prit sa relève et régna en maître sur toute la Judée à partir de l’an 26 jusqu’à 36. Ces personnages évoqués en Luc 3,1 représentent l’autorité politique à tous les niveaux : Hérode, Philippe et Ponce Pilate pour la Palestine, et Tibère pour l’Empire. Outre les autorités politiques, l’évangéliste fait aussi mention de deux chefs spirituels de l’époque qui représentent l’autorité religieuse juive : Anne qui fut grand prêtre de l’an 6 à l’an 15 et Caïphe, son successeur, qui assuma la même fonction de l’an 18 à l’an 36.
Transformer, de l’intérieur, les différents domaines de la vie sociale. Cette allusion au contexte politique et religieux de l’époque de Jean-Baptiste (cf. Lc 3,1) n’est pas un fait de hasard : l’évangéliste voudrait nous signifier que l’Evangile ne peut demeurer neutre. Comme du levain enfoui dans la pâte (Mt 13,33), le message de Jean-Baptiste est destiné à transformer aussi bien l’ordre politique que l’ordre religieux juif. L’Evangile doit toucher et transformer, de l’intérieur, tous les domaines de la vie. En ce temps de l’Avent, le grand défi du chrétien consiste à vivre à fond cet Evangile en évitant une conversion de façade, qui se limiterait à adopter quelques pratiques de piété sans une transformation en profondeur. Comme en Luc 3,1 où le message de Jean-Baptiste résonne dans un contexte socio-politique précis, le temps de l’Avent est aussi un moment propice pour s’appliquer à christianiser, à sanctifier les différents secteurs de la vie sociale : la politique, l’enseignement, la santé, la fonction publique, etc.