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À L'ANTENNE:

Réflexion du Père directeur sur le deuxième dimanche de Pâques

21 avril 2020

2e Dimanche de Pâques

De l’incrédulité à la foi

 

Thomas, qualifié souvent de parrain des incrédules, l’homme orchestre de l’évangile de ce dimanche, mérite d’être le jumeau de chacun de nous. Thomas, l’un des douze, s’appelait aussi didyme c’est-à-dire jumeau (cf. Jn 11,16). Pourtant, les évangiles ne font aucune mention de l’autre jumeau de Thomas. Cet autre jumeau anonyme pourrait bien être représenté par les chrétiens d’aujourd’hui. En fait, entre les jumeaux, il y a toujours des traits communs et divergents. D’une part, Thomas nous ressemble parce que, comme nous, il n’était pas témoin de la première apparition de Jésus aux apôtres (cf. Jn 20,24). D’autre part, Thomas nous est différent parce que, contrairement à nous, il était présent quand Jésus est apparu aux disciples pour la deuxième fois (cf. Jn 20,26).

Un apôtre incrédule ?

Thomas est le seul apôtre à avoir juré par trois fois sur le corps du ressuscité : « si je ne vois pas… si je ne mets pas mon doigt… si je ne mets pas ma main… » (cf. Jn 20,25). Son doute peut se justifier par le fait qu’il est la charnière entre ceux qui ont vu le ressuscité et les générations postérieures qui devraient se contenter du témoignage des apôtres. Comme nous, il a reçu lui aussi le message de la résurrection par le canal des apôtres : « les autres disciples lui dirent donc : “nous avons vu le Seigneur !” » (Jn 20,25). L’expérience spirituelle de Thomas annonce cette ère où la foi en la résurrection ne reposera plus sur la vue mais plutôt sur l’écoute. C’est une ère difficile qui verra les apôtres confronter à l’épreuve de l’incrédulité. Il ne sera pas du tout facile de prêcher la résurrection à ceux qui n’ont pas vu Jésus ressuscité (cf. Ac 5,30-33 ; 17,32 ; 26,23-25).

 

Une foi aux dimensions biblique et politique

Contrairement à Jean qui croit à la vitesse de la lumière (cf. Jn 20,8), l’itinéraire de foi de Thomas est lent, mais à travers ses tergiversations spirituelles, il parvient à se forger une foi originale en la résurrection. Il est le seul à avoir douté, mais il est aussi le seul à avoir adopté une profession de foi originale et complète devant le ressuscité : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Sa profession de foi est complète parce que dans l’Ancien Testament Dieu est principalement appelé Yahvé et Elohim, ce qui signifie respectivement Seigneur et Dieu. Thomas reprend ces deux noms de Dieu et les applique à Jésus. Ce qui veut dire qu’il reconnaît en Jésus la révélation plénière de ce Dieu dont parle l’Ancien Testament.

La foi de Thomas revêt aussi une dimension politique. A l’époque où Jean rédigeait son évangile, l’Empereur Domitien qui était au pouvoir (81-96 ap. J.C.) se faisait appeler “Seigneur” et “Dieu”. En attribuant à Jésus ce deux appellations jadis réservées à l’Empereur, Thomas conteste l’ordre politique idolâtrique de Rome et constate la seigneurie incontournable de Jésus. Le jumeau de Thomas, tout chrétien de nos jours, devrait imiter le courage de croire dont fait preuve cet apôtre.

P. Roger Wawa, ssp

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