Dans l’Eglise, même les piécettes comptent…
Les scribes s’accrochent à l’apparence
Les scribes faisaient partie de l’élite intellectuelle et religieuse des juifs. Selon Jésus, ils aiment être les premiers dans les synagogues et dans les dîners. C’est là une attitude contraire à la recommandation de Jésus qui conseille à ses disciples de se faire les derniers et non les premiers (cf. Mc 9,34-35 ; 10,44). Au Temple de Jérusalem, à l’époque de Jésus, il y avait 13 caisses dans lesquelles les juifs versaient les offrandes. Pendant que les croyants défilaient pour les offrandes, un prêtre contrôlait la validité de la monnaie versée et déclarait à haute voix le montant versé dans la caisse. L’opération était si spectaculaire que beaucoup en profitaient pour étaler leur mégalomanie, et la plupart des riches saisissaient l’occasion pour jeter de grosses sommes d’argent dans la caisse (cf. Mc 12,41).
Jésus ne se limite pas à l’apparence
Contrairement aux scribes qui s’accrochent à l’apparence, Jésus s’intéresse plus aux dispositions intérieures. Il est pris d’admiration pour une veuve qui, apparemment, a versé peu d’argent ; mais en réalité, son don dépasse celui des autres. Selon l’évangéliste, la veuve a jeté deux leptons dans le tronc à offrandes (cf. Mc 12,42). Cette mention renforce les bonnes dispositions intérieures de cette veuve. Car, disposant de deux pièces, elle pouvait jeter une seule et conserver l’autre. Or elle va jeter toutes les deux… Elle jette la meilleure part d’elle-même, comme l’aveugle de Jéricho qui jette son manteau pour suivre le Christ (cf. Mc 10,50).
Qui est cette veuve qui a donné plus… ?
La veuve c’est celle qui n’a plus de mari. Cette femme sans mari peut bien symboliser l’Eglise dépourvue de son époux qui est le Christ. Jésus lui-même avait prédit ces jours où les disciples (l’Eglise) seront privés de l’époux (le Christ) (cf. Mc 2,20). L’offrande de cette veuve, c’est l’offrande d’une Eglise qui vit dans l’indigence. En fait, l’Eglise du 1er siècle n’avait rien avoir avec une institution puissante financièrement (cf. 1Co 1,26). C’était une Eglise des indigents qui comptait sur la solidarité de ses membres, si pauvres que fussent-ils (cf. Ac 2,44-45). En ce moment où les Eglises d’Afrique sont confrontées au défi de la pauvreté, l’attitude de la veuve ne peut que nous interpeller. La veuve nous apprend à savoir partager même dans l’indigence. Le principe fondamental à observer durant la collecte est bien celui-ci : «que chacun donne selon la décision de son coeur…» (cf. 2 Co 9,7). En matière de collecte, personne ne peut forcer autrui à contribuer ; cependant, personne ne peut non plus se dérober à cette pratique sous prétexte d’indigence. Dans un contexte de pauvreté comme le nôtre, L’Eglise se construira avec des piécettes d’argent offertes par nous-mêmes, avec de bonnes dispositions intérieures, à l’instar de la veuve dont parle l’Evangile. C’est à cela que nos évêques nous invitent à travers la politique de la prise en charge de l’Eglise…