La fameuse “porte étroite”
Méditation sur l’Évangile du 21e dimanche ordinaire Année C (Lc 13,22-30)
Une seule porte et non plusieurs
Alors que Jésus se dirige vers Jérusalem, ville où il souffrira sa Passion, une personne anonyme lui pose la question sur le salut : « Seigneur, est-ce le petit nombre qui sera sauvé ? » (Lc 13,23). Comment être sauvé ? Comment hériter la vie éternelle ?… Toutes ces questions relatives au salut faisaient partie des préoccupations quotidiennes des juifs (cf. Lc 10,25 ; 18,18). Jésus répond à son interlocuteur par un langage métaphorique : « Luttez pour entrer par la porte étroite » (Lc 13,24). Selon la tradition biblique, les justes entreront par les portes de Jérusalem (Is 26,2 ; Ap 22,14). Le Psalmiste souligne la préférence de Dieu pour les portes de Sion (Ps 87,2) et oppose celles-ci aux portes de la mort (cf. Ps 9,14-15).
Dans la plupart des textes bibliques précités, comme dans d’autres, le juste accède au salut en passant par les portes (au pluriel) (cf. Is 26,2 ; Ps 118,19 ; Ap 22,14). Mais Jésus nous demande de passer par la porte (une seule) ; bien plus, une porte étroite. En Jean 10,9, Jésus s’identifie avec la porte par laquelle doivent entrer ses brebis. Passer par la porte étroite, c’est donc suivre Jésus.
La foi en Jésus-Christ, un combat quotidien
Le fait que cette porte est à la fois unique et étroite montre bien que le salut en Jésus-Christ requiert un engagement à fond et une grande détermination. « La vie est un combat », dit-on. Cela vaut aussi pour la vie chrétienne. A son époque, Saint Paul l’avait expérimenté et nous en livre le témoignage dans 2 Timothée : « J’ai combattu jusqu’au bout le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi » (2Ti 4,7). Selon Luc, à la fin de sa vie terrestre, Jésus entre en agonie, c’est-à-dire en combat, à Gethsémani (cf. Lc 22,44). Même pour le Fils de Dieu, la vie est un combat !
Dans l’Ancien Testament, les portes du juste sont situées géographiquement. L’on parle en effet des portes de Sion, les portes de Jérusalem (cf. Ps 9,15 ; 87,2…). Mais la porte étroite dont parle Jésus n’est liée à aucune référence géographique. La porte étroite est une attitude face à la vie, un état d’esprit, une option de vie caractéristique du disciple de Jésus…
Ceux qui ont choisi la porte étroite ne sont pas nécessairement ceux qui ont mangé et bu avec Jésus (cf. Lc 13,26-27). Choisir la porte étroite, c’est renoncer à négocier un quelconque succès dans la vie à travers des compromissions. Choisir la porte étroite c’est s’engager à lutter pour réussir sa vie par des moyens dignes et honnêtes. Choisir la porte étroite, c’est opter pour l’Evangile et ses exigences souvent bafouées par la majorité. La position de l’Eglise sur certaines questions éthiques telles que l’avortement, la contraception, l’euthanasie… qui suscite souvent des réactions hostiles de par le monde montre bien qu’il est difficile d’emprunter la porte étroite.
P. Roger WAWA, ssp