2e Dimanche du Temps ordinaire (Jn 2,1-11)
La Mère à tous
Dans l’épisode des noces de Cana, nous assistons, pour la première fois dans l’évangile de Jean, à l’entrée en scène de Marie, la Mère de Jésus. Mais ce qui est curieux c’est le fait que Saint Jean ne nomme pas cette mère. Nulle part, dans son évangile, l’on trouve mentionné le nom de Marie en référence à la mère de Jésus. L’évangéliste présente Marie en utilisant l’expression “Mère de Jésus” ou “Sa mère” (cf. Jn 2,1.3.5.12 ; 19,25.26). Comment expliquer cela ?
Jean exprime un profond respect envers Marie
Si l’on lit ces versets du quatrième évangile à partir de notre bagage culturel, l’on pourra dire que Saint Jean fait preuve d’un profond respect envers Marie. Dans notre culture, l’on ne désigne pas ses parents par leurs noms. On les appelle tout simplement “papa”, “maman”… De même, quand nous parlons des parents de nos amis et connaissances, nous évitons de les nommer. Nous disons plutôt : “le papa de…” ; “la maman de…” Selon Jean 19,25, il y avait trois femmes au pied de la croix de Jésus. Jean ne nomme que deux d’entre elles ; quant à la Mère de Jésus, il tait son nom et utilise l’expression “sa Mère”. En lisant ce verset à partir de notre contexte culturel, il y a lieu de dire que l’évangéliste exprime un grand respect envers Marie, la Mère du Sauveur.
Marie, une mère exceptionnelle
L’on peut aussi interpréter le silence de Saint Jean sur le nom de la Mère de Jésus d’une autre manière. En évitant le nom “Marie” au profit des expressions “Mère de Jésus” (cf. Jn 2,1.3) et ”Sa mère” (cf. Jn 2,5.12 ; 19,25.26), Jean met en relief la maternité de Marie. Pour l’évangéliste, ce qui est important, c’est le fait que Marie est la Mère de Jésus. Et en tant que Mère du Sauveur, Marie n’est pas n’importe quelle mère.
C’est ce qui ressort particulièrement de la lecture du texte grec de Jean 19,27 qui dit littéralement ceci: «Jésus voyant donc la mère et le disciple se tenant auprès (d’elle) qu’il aimait, il dit à la mère…» (Jn 19,27). Il est intéressant de noter que dans ce passage, Saint Jean appelle Marie “la Mère” (et non “sa mère”). L’usage de l’article déterminé (la) montre que Saint Jean met un accent particulier sur la nouvelle maternité de Marie au Calvaire. Elle n’est plus seulement “Mère de Jésus” mais surtout Mère de tous les disciples du Christ, la Mère (de tous).
Attention à la “mariolâtrie” !
Mariolâtrie ! Ce mot, qui n’est pas d’usage courant, veut dire : «culte abusif de Marie», qui consisterait à adorer Marie à la place de Jésus. La “mariolâtrie” est un danger réel aujourd’hui. Il faut noter que Saint Jean s’intéresse à Marie en tant que Mère de Jésus. C’est cela le but de la dévotion mariale que nous recommande l’Eglise. La vraie dévotion mariale c’est celle qui nous permet, à travers Marie, de découvrir son Fils Jésus.
Roger Wawa, ssp